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Résumé :

Lors de son premier voyage à Sarajevo en 1995, Joe Sacco fait la connaissance de Neven – un jeune serbo-bosniaque – qui devient bientôt son fixer attitré. Par ce terme (parfois traduit en français par le mot fixeur) on désigne le guide-interprète-chauffeur-négociateur devenu l’auxiliaire indispensable de tout journaliste de terrain qui couvre un conflit majeur.
Fils d’une musulmane et d’un serbe, Neven a été élevé par son père et a servi dans l’Armée Nationale Yougoslave. Au début du siège de Sarajevo, il s’est enrôlé du côté bosniaque, « par loyauté », intégrant une des formations paramilitaires qui ont participé à la défense de la ville. Blessé pendant les combats, Neven a ensuite été exclu de l’armée bosniaque à cause de ses origines serbes et a survécu en racolant les journalistes étrangers pour leur offrir ses services.
Entre Sacco et Neven s’établit bientôt une relation intense, rythmée par des demandes d’argent, des élans d’amitié sincère et, surtout, par de longs monologues où l’ancien baroudeur livre au reporter fraichement débarqué sa vérité sur une guerre qui va bientôt d’achever ...

Chronique :

Un peu dans la lignée du superbe et indispensable « Gorazde » pour le même éditeur, le dessinateur-reporter Joe Sacco continu son exploration du conflit en ex-Yougoslavie avec l’aide de Neven qu’on appelle dans le jargon « un fixer », c’est-à-dire un contact local qui est à l’affût de tout, connaît beaucoup de monde et sert de guide et d’interprète pour les journalistes étrangers moyennant de l’argent.
Mais cette fois-ci, il pose la base de l’écriture autour de ce personnage fascinant et ambigüe à la fois, qui cache par moment la quête du scoop… On entre de plein fouet dans ce reportage qui voit comment un journaliste monte son reportage sur le terrain. Mais l’ombre de Neven plane toujours avec des zones d’ombres sur son passé !. Peut-on lui faire confiance comme le confesse Joe Sacco. Toujours est-il que cette approche fait froid dans le dos et montre l’implication souvent dangereuse du reporter de terrain… Et cela on le dévore avec plaisir.

Quintessence même du graphisme de Sacco, cet album nous offre toujours cette qualité de N&B qui en digne héritier de l’underground reste maîtrisé, le tout réalisé à base de photographie.

Réédition anniversaire, revue et corrigée, les éditions Rackham ont réalisé du bon travail avec un soin apporté à la fabrication et aux nombreux bonus qui permettent de voir comment un dessinateur-reporter aussi talentueux que Joe Sacco a pût réaliser cet album… Entre interview de Neven qui est intéressante et les photos qui ont servies aux décors, « The Fixer » est un album à posséder pour entrevoir dans la BD une autre forme de narration visuelle.